Des Hommes et des Dieux

Publié le 12/10/2010 à 20:53 par critiquesjunior Tags : des hommes et des dieux
Des Hommes et des Dieux


J’ai décidé il y a peu d’éviter de me fier aux critiques avant d’aller voir un film pour que mon avis soit fondé uniquement sur mon ressenti et pas sur l’expertise des professionnels du Cinéma. Toutefois, il est difficile de passer à côté des nombreuses critiques Des hommes et des dieux. C’est sur fond du très célèbre Lac des Cygnesde Tchaïkovski, (vous comprendrez plus bas pourquoi), qu’à mon tour je vais venter les mérites de ce film d’exception.


Des hommes et des dieux s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie. Son réalisateur, Xavier Beauvois, décide de placer au cœur de l’intrigue la prise de position des moines victimes de cette tragédie du milieu des années 90. On découvre alors comment ces moines catholiques viennent en aide aux populations locales martyrisées par des terroristes islamistes. Mais très vite, ces hommes gouvernés par l’amour de Dieu deviennent à leur tour la cible des opposants extrémistes. Certains souhaitent quitter le monastère, d’autres guidés par l’impressionnant Lambert Wilson décident de rester. C‘est là que la beauté du film opère. Voilà comment, malgré leurs désaccords et leurs faiblesses, ses hommes que rien n’oblige à rester vont tenir leur position. Guidés par la Foi, ils vont ensemble y puiser un remède à la barbarie.


Remarquablement interprété et d’une beauté sans égale, j’ai été extrêmement  touché par l’émotion qui se dégage du film et qui plonge le spectateur au cœur d’une cérémonie inattendue. Beaucoup de grands films font appel à la musique pour donner du corps aux répliques des personnages ou plus simplement pour en enrichir le déroulement. Ici, point de musique. Seuls les chants monastiques et l’apparition éphémère duLac des Cygnesviennent caresser le récit d’une aile de colombe. Et puis on s’interroge un moment. S’agit-il d’observer le comportement d’hommes aux croyances diverses ? Non, il n’est pas question de guerre de religions. Chrétiens et Musulmans cohabitent, s’entraident et vivent en symbiose les uns avec les autres. C’est la folie des hommes qui conduit au massacre. L’espace d’un instant on est avec eux, on ressent, on compatit, puis on sourit. On aime son prochain, on y croit. Les spectateurs sont calmes et jamais un popcorn ne viendra heurter les rangées en contrebas. L’amour et le respect d’autrui vous paraissent évidents. Le rythme est lent, enrichit par les mimiques des personnages. Un sourire, un regard, quelques rides sur un visage, tout est là. On se laisse bercer calmement jusqu’au bout, jusqu’au moment fatidique. Ils sont prêts à rejoindre l’étendue source de tous les mystères et on les accompagne, avec tendresse et recueillement.

 

A la vue d'un tel spectacle, il est bon de se rappeler que le cinéma Français n'a rien à envier au cinéma international.

 

Ci-dessous une deuxième critique d'un de mes ami cinéphile. Il me semble intéressant de pouvoir comparer plusieurs avis lorsqu'on s'intéresse à un film (de cette qualité).

 

 

Des hommes et des dieux - Requiem pour un massacre


"La religion est l'intuition de l'univers", j'ai appris ça à la Fnac il n'y a pas si longtemps en feuilletant un ouvrage sur le sujet. Je me suis d'abord demandé si une intuition pouvait être aussi subjective que l'est la religion. Car pour reprendre et compléter le discours de Schleiermacher la religion m'apparaît plus comme l'intuition d'un univers possible évoluant parmi d'autres (bref, qu'elle n'est donc pas neutre). Dans ce cas bien particulier l'univers des moines de Tibhirine semble être pour le moins terrible.


Dès le début on a cette sensation que derrière l'apparente atmosphère de paix qu'éprouvent les moines en travaillant la terre et en vaquant à leurs occupations généreuses de soin et d'appui à la population locale se profile le fracas d'un drame à venir. Et puisqu'on a eu la chance par hasard, lors d'un cours d'histoire dans lequel on ne dormait, d'en entendre parler on se doute que la fin sera amère. Elle l'est mes chers amis n'en doutez pas. Et le réalisateur sait ménager un suspense que trouble parfois malgré tout l'ennui. Quoique la lassitude du spectateur qui ferme les yeux pour essayer de dormir n'est ici rien de moins que positive puisque même les sons qui emplissent la salle obscure sont enclins à le faire se sentir entouré d'un halo de calme et de sérénité propre aux monastères (d'après ce que j'ai cru en comprendre). 


On s'y sent et on s'y voit. Et c'est pourquoi les moines semblent, à mesure que la pellicule se déroule, devenir des amis, des compagnons de fortune, qui, discutant attablés devant leur robuste table de bois nous laissent une place de choix pour prendre avec eux les décisions qu'il semble juste de prendre (et qui pourtant les sortiront contraints et forcés de leur havre de paix). 


Parlons maintenant des acteurs : derrière un Lonsdale propre à lui-même (d'exception) et un Wilson tout à son avantage (quoique sa prestation m'ait semblé plus discutée puisque des amis m'ont dit qu'il n'était rien de moins que le défaut du film ce que je trouve quand même très sévère) se profilent tous les autres moines qui chacun à leur manière apportent une touche d'humanité à un film qui peut être l'est trop. A chaque moment on se sent touché par la grâce même si (et c'est le seul moment, pardonnez moi mais il faut tout de même trouver matière à sourire) on pouffe lorsque la voix de père "Matrix" Wilson déraille à l'occasion d'un psaume. 


En parlant de moments de cinéma on pourrait continuer (après les louanges des acteurs, de l'atmosphère et du décor tous trois grandioses, légers tant que spirituels) en évoquant cette scène. Vous voyez celle à laquelle je pense ? La scène culte. Celle que tout grand film se doit de comporter. Parce qu'une grande scène même dans un navet c'est parfois finalement mieux qu'un film entièrement correct mais en étant totalement dépourvu. Et ici elle apparaît. Elle est grandiose, magnifique, à pleurer. Bref elle est biblique. Il s'agit d'un repas. Non ce n'est pas celui que vous prenez à vingt-heures-trente avant une soirée à base de Mac Donald et de conversations insipides. C'est le repas de chair et de sang christique accompagné d'une grandiose symphonie. Et observer le père Amédée pleurer, tout chétif et humble qu'il est c'est quelque chose. Ca vous retourne l'estomac. Ça vous prend aux tripes et vous donne envie de soutenir votre semblable (vous inquiétez pas l'envie s'en va quand vous sortez de cinéma et vous voyez que votre semblable finalement s'en sort aussi bien que vous et n'a pas tant besoin que ça de votre aide). On a ici les larmes aux yeux et on se tourne et se retourne pour ne pas que l'on nous voit. 


Personne ne nous a vu ? Magnifique tout comme l'est cette scène. On y pense et on se la rembobine dans sa tête en songeant à l'heure et à ce qu'on va manger après cette épuisante aventure humaine. Quoi donc ?! Le film n'est pas fini ? Et là, mes amis tenez vous bien, maintenant vient l'heure du massacre.


Ce massacre c'est celui des moines. Un massacre bien triste certes. Mais c'est aussi l'assassinat d'un film qui avance tout en douceur comme la caresse d'un vent d'automne pour se terminer en chaos mystifiant comme le coup de poing de The Rock dans les parties après une sieste de deux heures vingt. J'ai connu des gens qui déclaraient que l'important dans un livre c'était le dernier mot (ce que je pense également). Ici le dernier mot est un cri. Un cri de douleur pour ces malheureux mais également pour ceux que nous sommes d'avoir cru trouver la paix chez ces hommes et de n'y avoir finalement trouver qu'une humanité désolante par sa fragilité. 


C'est tout de même un coup de cœur que ce film : on voudrait finalement bien l'oublier car sa fin est triste à se crever les yeux en écoutant le dernier album de Regina Spektor mais on n'y arrive pas. Méfiez vous cependant lecteurs avertis car cet avis peut être sujet à beaucoup de discussions. Et quand l'on débat d'un film c'est souvent bon signe.


Pour finir par une note d'esprit consensuelle on pourra observer (avec recueillement pour rester dans l'ambiance de la salle de cinéma dont les lumières s'allument sur les ye
ux gonflés de spectateurs abasourdis) que ce n'est pas faire esprit de charité chrétienne que d'aller voir nos frères les moines de Tibhirine mais c'est aimer le cinéma (et s'ils ont su fermer les yeux sur les défauts de leurs contemporains on pourra aisément fermer les nôtres sur les cinq dernières minutes d'un film très beau dédié à leur drame, drame qui est aussi finalement celui que nous partageons tous).


Des hommes et des dieux (2010)

Réalisation : Xavier Beauvois

Avec : Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin

Bande Annonce :

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